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08/04/2010

Le nid


Je revoyais enfin le square. Les enfants étaient toujours là, au même endroit, à jouer, les mères à proximité. La fatigue m'avait quitté, enfin pour de bon. Certainement l'idée de ce banc qui m'attendait. Seul. Enfin.

Je regarde à travers mes paupières mi-closes et je ne le vois plus, l'arbre était là toujours, mais non plus le nid d'oiseaux. Je l'avais scruté des heures, à me raconter que j'étais un de ces volatiles bruyants. Je n'étais revenu que pour lui. La tête enserrée comme dans un étau, je ne suivais que difficilement le cours de mes pensées, autonomes, indépendantes de moi, de ma volonté.

J'avais repris un comprimé, bu un verre, touché mon front glacé. Sortir était un effort, mais au bout il y avait ce nid. Je ne voulais que le voir, le regarder m'apaisait. Ils étaient inutiles ces moineaux, ou était-ce des mésanges, je n'en ais rien, je n'y distingue rien en oiseaux. Peu importe, ils étaient fragiles et inutiles. Je pouvais décider de leur sort, décider que le nid tomberait à terre, décider que leurs petits os craqueraient sous mes doigts.

Non, je ne suis pas affolé, mais je me demande où est passée ce nid. La part de contrôle que je peux avoir sur moi dépend de ce nid, de ce que je peux lui faire subir. Je ne subis plus, je contrôle ? Des mésanges, ou des moineaux, je ne sais pas. Qui peut reconnaître entre elles ces sales bestioles ? Qui a embarqué ce putain de nid.

Je ne perds pas le contrôle de ma vie, je dois juste récupérer ce nid, ma chance, leur montrer qui contrôle, qui sait, qui l'emporte sur eux.

Je reprends un comprimé, mais je n'ai pas pris de bouteille avec moi. Je commence à avoir soif,  chercher ce fichu nid qui se moque de moi, comme le reste du square.

Ces mères idiotes qui n savent pas le quart de ce qui se passent dans la cervelle de leur gamin, qui pensent les aimer et les aider à coup, de gâteaux, de balançoire et de bonbons. Que savent-elles de ce que leurs enfants veulent vraiment. Que sait-elle de ce que je veux réellement d'elle ? Elle me met sur la balançoire et se barre une heure, se fichant de mon sort, puisque je suis heureux avec un gâteau, une tape sur la tête et la balançoire pour moi seul. Je regarde ce nid depuis 20 ans et il disparait régulièrement. Je regarde ce nid en attendant qu'elle revienne de son rendez vous. Elle croit me donner autant qu'une mère puisse donner, un gâteau, un tour de balançoire et vole, vas-y, rejoins le sous l'arbre, oublie ton petit garçon, et son nid. Les oiseaux s'envolent souvent du nid, je n'y arrive pas, je cherche une motivation, autre que scruter des mésanges, des moineaux, des oiseaux dont j'ai rien à foutre que de vouloir briser les petits os : c'est moi le patron, c'est moi qui compte, j'ai besoin de personne moi, pour protéger mon petit cou du monstre. Façon, elle ne me regarde pas, elle ne regarde que lui, une heure durant parfois plus. Me laisse sur cette balançoire et m'oublie.

Mon crâne me fait mal, l'étau se resserre, tout est étouffant et encore plus cette absence du nid, où est-il ?

Je neveux que reprendre le contrôle, je n'ai pas peur, je suis le patron, je n'ai pas besoin d'elle, je n'ai pas peur, je ne veux que reprendre le contrôle.

Pourquoi je n'y arrive pas ? Je reprends un cachet, je rentre à la maison, elle y sera surement, je serais là comme un con, penaud, effrayé et con.

 

07:41 Écrit par Océane | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook |

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