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02/02/2012

Storgê


En descendant  à la gare de ce petit village, je ne savais plus ce que j’étais venu chercher.  Rien ne ressemblait plus à mon souvenir, et c’est un peu tard que je regardais le train s’éloigner inexorablement vers sa prochaine destination.
Livrée à l’inconnu, je décidais de ne plus chercher à savoir si tout cela était une erreur ou pas.
D’un pas tout de même léger, je me suis dirigée vers la sortie. Pas de taxi. Voilà une chose qui n’avait pas changée. Heureusement, le cimetière n’était pas loin de la gare.  
Comme souvent, je en m’étais pas intéressée à la météo, et c’est chaussée d’escarpins totalement inadaptés au temps, que j’entamais le parcours. Les flocons de neige tombaient joyeusement sur ma tête, ce qui me ravissait, mais cela occasionnait au sol une boue désagréable sur ce chemin de terre.
Un peu désorientée, j’ai failli manquer l’entrée du cimetière.  L’endroit était presque charmant, de ce charme suranné des cimetières de village… J’ai écouté le chant des mésanges, qui semblait appeler leurs petits, à rentrer avant que la neige ne les en empêche.
Ma mère m’avait noté sur un papier le moyen de retrouver la tombe, la repérer dans ce labyrinthe ne serait pas pour autant facile.
Enfin, je la trouvais. La tombe de ma grand-mère, morte douze ans auparavant.  
Je me suis assise devant, sur une petite couverture que j’avais amené ave moi. Difficile de ne pas pleurer. Pourtant, curieusement, je n’avais pas de peine. La lutte était terminée depuis longtemps. Mais je sentais monter cette douleur familière au thorax. La même douleur sèche et froide depuis douze ans. J’avais mal, souvent, sans que des larmes sortent. Le déni prend des formes curieuses parfois, et la pensée magique était ma meilleure amie : j’avais décidé qu’elle n’était pas morte, puisque c’était arrivé loin de moi. Et ne jamais voir cette tombe me confortait dans mon déni.
Mais cette douleur ne me quittait pas, envahissait tout, voilant les souvenirs d’une gris amer et lourd.
Douze ans après, il était temps d’accoster d’autres rivages et d’offrir une tombe aux souvenirs.
J’ai regardé le nom gravé sur la pierre, et je me suis rappelée la personne qu’elle était, la tendresse de son regard. Plus jamais je n’aurais sa compagnie, sa présence chaleureuse qui rendait merveilleuses mes vacances d’enfant. Pourtant, nulle tristesse : je revivais ces journées avec elle, dans son petit pavillon, son jardin aussi désordonné qu’enchanteur. La scolopendre grimpait le long des murs, faisant presque de l’ombre aux pieds de tomates et aux buissons fleuris. Je me rappelle de sa maison comme de mon second foyer, et j’y passais de belles heures, à l’étude d’un livre ou à écouter chanter la pluie sur le toit…
Voilà ce que je vais garder, l’amour d’une grand-mère, son affection et son souvennir.

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Ma participation au jeu d'écriture d' Olivia

Mots à placer : Erreur – tendresse – train – thorax – scolopendre – lutte – inconnu – inexorablement – boue – pavillon – compagnie – foyer – neige – étude – mésange – flocon – accoster – désorienté – parcours – tomate – chanter – gare – livre.


21:50 Écrit par Océane | Lien permanent | Commentaires (17) | |  Facebook |